lundi 3 décembre 2012

All Sinners - TwitterFiction





La semaine dernière je me suis laissé entraîné par monsieur Jeff Balek dans son dernier délire transmedia, ALL SINNERS. Ou plutôt dans sa Twitter Fiction Collaborative (il a trouvé un super acronyme mais je ne le trouve plus et à cette heure j'ai la flemme de chercher).

Vous pouvez lire l'histoire principale et trouver tout un tas d'infos sur le projet là :
http://allsinnersserie.com/

Ci dessous, ma participation, telle quelle, sans correction, par salve de moins de 140 caractères (dont 28 juste pour les hashtags #AllSinners #TwitterFiction) .

Tout a été écrit "en temps réel", en connaissant peu de choses du background, sans savoir du tout où j'allais, si ce n'est que je jouais mon propre rôle.

Dès que j'ai un peu de temps, je posterais des liens vers les transcriptions que je peux retrouver parmi celles de mes 50+ camarades.

Outre le Maître du Jeu, et tous les clients du Crying Raven, je voulais remercier, par ordre d'apparition, Jérome GuiguetSteelwood et Marjorie Charles que j'ai croisé IYL (In Yumington Life) et dont j'ai retranscrit les tweets ici, et Natalia pilier de bar, soutient moral et fan N°1 du projet.

Je me suis sincèrement amusé à écrire et à suivre les autres histoires (en lisant toute l'histoire principale et en picorant parmi mes 25 colonnes Tweetdeck - oui moins de la moitié de ce qui a été écrit), j 'espère que ça ce sent ;)

Bonne lecture...







Lundi 26 novembre 2012 

  Billets  hôtel . Je pars demain pour Yumington. Des conseils, des bons plans, des trucs à voir après le boulot?
 allez du côté du . C'est un bar très sympathique.
 @JGuiguet merci pour pour l'info. Je test le  dès demain s'il ne fait pas trop moche 
  D'autres plans sur Yumington? Je risque d'y rester qqs jours le temps de faire le taf, et je ne connais personne 
 Trouvé 1 page d'annuaire de Yumington. Ne sais pas si elle est à jour...  cc 

Mardi 27 novembre 2012 - matin

 dites moi quand vous y serez je serai ravi de vous y accompagner. Je suis nouveau a .
   Suis ds le train. Censé arriver vers 11h30. J'y vais pour le boulot, ms 1ère fois que je mets les pieds à Yumington.
 quel est ton travail ? Moi je suis sur un créneau très porteur : je suis spécialiste anciennes technologies.
 @JGuiguet J'ai un studio de dev web. On est shortlistés sur un AO. Comme je connais pas, vais rester qqs jours
 Félicitations, je croise les doigts pour vous. Vous verrez est un très bel endroit

Mardi 27 novembre 2012 - tout début d'après midi

Plus d'1h que je suis arrivé, mais Yumington semble faire partie des gros  de Plans sur iOS. Je suis paumé! 

 

Mardi 27 novembre 2012 - soirée

  et voilà, journée lose! Impossible de m'y retrouver dans cette foutue ville. Arrivé en retard. Foiré ma prèz.
  suis à mon hôtel Bd Footlak, le temps s'annonce pourri et la connexion est down. Obligé de tweeter en 3G.
  ne reste qu'à aller se coucher en espérant que la nuit soit bonne. Demain je me barre de Yumington asap! B nuit 

 

Mercredi 28 novembre 2012 - matin

  bon, bah je m'en souviendrai de mon séjour à Yumington! Dehors il flotte, mais dans l'hôtel, l'eau est coupée.
  Du grand standing!
  petit dej´ (j'espère) et je trace à la gare. J'ai qqes heures de train pour pourrir le tripadvisor de l'hôtel !
Mercredi 28 novembre 2012 - milieu de matinée
  merde, merde, merde, merde, merde, merde, merde, MERDE !!!
  Quitter la ville, quitter la ville! Je ne veux QUE ça! Il n'y à plus ni transports en commun ni train!
   Tu vis de quel côté ? Je suis dans les rues de BeachBay, je cherche un abris.
   je ne sais pas où je suis! Je ne suis pas d'ici! J'ai dormi à l'hôtel Footlak, bd Footlak (original)
    m'a contacté, je dois filer aux urgences psy. Je crois que c'est en direction de la 52ème rue  

  Mercredi 28 novembre 2012 - fin de matinée

   Bon, ne paniquons pas! On résume: 1-je viens à Yumington en winner pour un AO. 2-Je me paume. 3-Je foire ma prèz
  4-je ne trouve même pas le histoire de me mettre une mine. 5-j'arrive enfin dans à "l'hôtel".
  6-Pas de connexion Et forcément, comme un con, je n'ai pas pris de bouquin! 7-Je me couche avec les poules (22h) 
  8- y a pas de 8... Suis dans la merde, c'est tout. La ville est en panique suite à l'alerte  

  La gare est blindée, les trains n'arrivent plus, ils ne font que partir. Ma femme vient de m'envoyer un dessin. 

  C'est mon fils qui l'a fait pour moi. "Papa, au milieu,c'est toi. Tu rentres bientôt?"  
  ...Je ne sais pas quand, je ne sais pas comment. En plus je n'ai que ce foutu phone pour communiquer... 

  Et ouéh! Je suis venu remporter cet Appel d'Offre (tu parles!) et profiter de l'air marin Yumingtonien.
  Faire le bilan, bien! S’apitoyer, moins. Vu que je ne connais personne, je vais essayer de trouver des twittos.

Mercredi 28 novembre 2012 - mi-journée

@16ames @orxataa J'ai trouvé un abris de fortune, je viens de retrouver mon GSM, j'ai été surpris par une averse de pluie assez forte 
@16ames Je pars rejoindre @orxataa au 5 ImpDel Toro #AllSinners #TwitterFiction

 

Mercredi 28 novembre 2012 - début d'après-midi

   Je suis paumé! C'est qui m'a conseillé de venir par là ! 

   Au départ, j'ai un peu flippé quand  m'a dit d'aller aux urgences psy. Mais tant qu'à faire.

@Steelwood1  Deviens fou parmi les fous. Ne sais pas où le bordel est le plus intense: dehors ou dedans?
@16ames @orxataa Je rirais si je n'avais pas si froid #AllSinners #TwitterFiction
 help, je suis perdu (oui, encore)! , tu nous rejoints aux urgence psy (5imp del toro). Mais où est ?
@16ames @CryingRavenBar @orxataa #AllSinners #TwitterFiction Normalement elle est en chemin. J'espère qu'il ne lui est rien arrivée
  J'étais parti pour allier travail et découverte touristique...
  ...J'ai l'impression d'être tombé dans un mauvais remake de se7en ! Si je n'y étais pas, je croirais à un !
@sakochmaar Okay, là je file aux urgences psy rejoindre Maddy, ainsi que @orxataa  et @16ames. Mais j'ignore où est @orxataa !!!
#AllSinners #TwitterFiction @16ames SMS : peux tu appeler les secours, j'ai découvert enfant gravement blessée. Impossible d'appeler
#AllSinners #TwitterFiction @16ames SMS : J'entends que dalle avec ce vent
OK, quelqu'un me fait signe. Vu ses derniers tweets, ça doit être. Il parlait d'une petite fille...  
   me demande d'appeler les secours! Mais c'est le bordel dehors...
#AllSinners #TwitterFiction SMS : @16ames tu as réussi à avoir quelqu'un ? j'ai dégagé la petite, je vais la transporter dans une maison 
  Putain, on est dans un hôpital! Psychiatrique. OK. Doit bien y avoir des putains d'infirmiers qui peuvent aider!
  Mais merde. J'ai beau gueuler, je suis aux urgences psy, un jour de tornade. Je vais quand même pas sortir seul!
#AllSinners #TwitterFiction SMS : @16ames , je suis au 16 Ave FootLak. Je rappelle plus tard. La petite est très mal. Elle perd du sang 
  Et puis je ne le connais pas! Et je n'en ai rien à foutre de Yumington. Je veux juste rentrer !
#AllSinners #TwitterFiction SMS : @16ames ça risque de plus passer, la batterie de mon portable est au plus bas, je te recontacte plus tard 
   Je ne suis pas un héros. Juste un rendez-vous le mauvais jour. Je veux rentrer chez moi. Je ne comprends pas.

Mercredi 28 novembre - 2012 soir

http://allsinnersserie.com/2012/11/28/flash-info-yumington-news-alerte-meteo/

  J'ai voulu sortir, rejoindre et aider. Paniqué, j'ai frappé un infirmier qui m'empêchait d'y aller.
  il ne faut JAMAIS frapper un infirmier psychiatrique. 
  Ils ont l'habitude des énervés, et toujours sur eux de quoi les calmer.
  Et là, ils m'ont bien calmé! Je ne sais pas ce qu'ils m'ont donné, mais ça m'a mis KO.

http://allsinnersserie.com/2012/11/28/alerte-info-yumington-news-monstrueux-embouteillages/

  J'émerge à peine. Je suis apaisé. Coincé près d'une fenêtre, je tourne le dos aux foule soignantes et soignées
  Je les entends derrière moi, les sardines gémissantes dans leur boîte de cinglés. Mais je ne les écoute pas.
  j'aperçois le boulevard Footlak. Les moteurs grondent sans pour autant avancer. Je retombe... Lessivé! 

Mercredi 28 / Jeudi 29 novembre 2012 - nuit

  ...chérie?... où?... J'ai mal au crâne... Il fait nuit, plein de bruit... Mal...
  ... 

Jeudi 29 novembre 2012 - début d'après midi ?

  Réveil étrange, étranger à moi-même au sortir d'un rêve (un cauchemar ?) troublant...
  Vous savez, un rêve dans le rêve, laissant un sale arrière goût de réalité, le genre qui commence par un réveil. 
  Dans celui-ci, j'étais une sorte de "trader de vie". Certains pourraient dire "un ange"... 
  Pas le bambin asexué et potelé voletant deci delà, déclenchant amourettes, batifolant dans de cotonneux nuages. 
  Ni le messager ailé à l'épée, effrayant de droiture et de bonté, exécuteur des basses œuvres d'un Dieu fainéant. 
  Non. Un ange à la Wenders, comme dans "Les Ailes Du Désir" (tiens, je m'en souviens!), observateur impuissant. 
  Devant un mur d'écrans, je suivais des fils de vies comme d'autres des tendances boursières, les voyant se nouer 
  les voyant se tresser, se casser, se séparer, se déliter... 
  J'étais persuadé qu'en les suivant, en les scrutant, je trouverai enfin celui de MA vie, de ma "vraie vie" ! 
  Puis je me suis vu. Et je me suis perdu. 

  Au réveil, j'avais tout oublié. 
  Pas mon rêve. Oh, non, celui là, je pourrais presque le toucher tellement il m'est resté collé derrière la nuque 
  Non... Tout le reste. 

  En premier, cette envie d'y rester, ce sentiment de légèreté, de bien-être, cette réminiscence de bébé, 
  cet entre-deux, cette certitude que tant qu'on gardera les yeux fermés, le temps sera arrêté. 
  Ensuite la douleur, qui monte doucement, vague abstraction cachée dans le haut du dos, entre les vertèbres. 
  Papier d'Arménie, feu de brousse ou de paille, mal qui s'étend, se répand. 
  Et là, rapidement, trajectoire elliptique, nuque, oreilles, tympans, impact au niveau tempes, onde de choc... 
  Mal pregnant. 
  ...

  La douleur, ensuite, comme un brouillard, s'estompe.

  J'entends. Des cris. Du bruit. Un brouhaha permanent. Dedans. 
  Des cris. Le vent. La pluie. Un vacarme fracassant. Dehors. 
  Je sens. La pisse. La sueur. La peur. Et un odeur qui écrase toutes les autres sans réussir à la masquer.
  Une odeur d'hôpital, de désinfectant, de détergent. Une odeur qui prend vite un goût de bile.
  qui me fait ouvrir les yeux et serrer les dents. 
  Je vois. Des gens. Beaucoup en blanc. Entassés, recroquevillés, paniqués. 
  La clarté froide des néons contraste avec l'obscurité désertée du dehors et m'agresse violemment. 

  Outre ma tête, mon corps aussi est endolori. Je réalise que j'ai très mal dormi. Je ne suis même pas sur un lit. 
  J'ai mis du temps à émerger. Ma 1ère pensée, avant même de me demander où j'étais, a été "Mais quelle cuite !". 
  Pourtant je sais, je sens que je n'ai rien bu hier.
  En fait, je ne sais plus ce que j'ai fait hier.
  En fait, je ne sais plus.

  Trou noir... Ou plutôt feuille blanche. J'ai bien des images qui me viennent. Des flashs, dans tous les sens.
  D'où viennent-ils? D'expériences vécues? D'histoires entendues? De films vus? De jeux auquels j'aurais joué?
  Souvenirs? Fiction? Souvenirs de fiction ou réalité? 
  Pendant de longues minutes (des heures), je ne sais plus qui je suis, qui j'étais, où je suis et ce que j'y fais 
   : Tu m'entends! C'est Junon! Je sais j'ai une sale tête...
J'allais au @CryingRavenBar prendre un kawa quand je suis tombée sur John poursuivi par un homme armé.
  Une jeune femme m'appelle, me secoue. Je ne la reconnais pas. Je crois que c'est une infirmière...
   : Les collègues t'ont administré du Bromazépam!
   Elle me parle de "Bromazépam". Je ne sais pas ce que c'est. Une drogue, peut-être. Un médicament ?

Ah ouais, t'es bien dans le gaz apparemment!

 

Jeudi 29 novembre 2012 - fin d'après midi ?

  Pourtant la mémoire me revient maintenant. Par bribes. Doucement.
  Le premier souvenir qui m'est revenu, dont je suis sur qu'il est vrai, est celui d'une nuit d'orage.
  Je suis enfant, je dois avoir 5 ans, chez mon oncle Pascal (bizarre, je me souviens de son prénom, pas du mien).
  Il est très tard. Dans une sorte de bungalow, en pleine campagne, par une nuit d'orage, je pleure de peur. 
  Mon oncle m'attrape par les épaules et me porte à la fenêtre. Il me parle et je ne comprends pas, je me débats. 
  Il me répète "Sam, calme toi, nous sommes à l'abris, nous ne risquons rien, regarde l'orage!" 
  Au moment où j'ouvre les yeux, un éclair fend le tronc d'un vieil arbre à quelques mètres de la maison.  
  Mon oncle essaye de me rassurer, de contenir mes tremblements, en me chuchotant "ne pleure plus, c'est fini".
  Mais je ne pleure pas. La peur, le bruit du tonnerre associé au craquement du tronc provoquent un fou-rire...
  Prostré, je regarde par la fenêtre de l'hôpital (c'en est un j'en suis sur maintenant), je me souviens et je ris 
  Je ris de me souvenir de mon nom. Je ris et je dis à l'orage dehors "Je suis devenu grand, tu es devenu ouragan" 

 

Jeudi 29 novembre 2012 - soirée ?

  Un nouveau souvenir... J'ai déjà vécu ça. Pas l'ouragan. Pas l'hôpital. L'amnésie.
  Je devais avoir 16 ou 17 ans. Mes dents de sagesse poussaient toutes en même temps. Opération. Anesthésie.
  Une semaine plus tard... J'ai réagi. J'ai rouvert les yeux dans l'ambulance des pompiers. Amnésie.
  Le pompier (je savais que c'était un pompier) m'a demandé si je me droguais. Un Flash. Une piquouze. Un bras. 
  Je lui ai répondu que je ne savais pas... Que peut-être. Que pourquoi pas. 
  A nouveau, je ris. 

 

Jeudi 29 novembre 2012 - nuit ?

  Me remémorer mon amnésie d'adolescence et comment j'ai retrouvé la mémoire me fait rappeler des images passées.
  Pourtant j'ai beau chercher, aucune que je puisse juxtaposer à cette étrange réalité.
  A part peut-être des images de lecture, ou des captures de cinéma.
  Rien qui ne puisse expliquer comment j'ai pu me retrouver cloîtré, médicamenté,
  dans un hôpital isolé au milieu des éléments déchaînés.

 

Vendredi 30 novembre 2012 - matin

  Bonjour. Je m'appelle Sam. Samuel. Samuel Pott. J'ai 36 ans. Bientôt 2 enfants. Mais là, c'est la merde.
  Je suis venu à Yumington pour le boulot. Pour découvrir aussi. Et puis pour m'amuser.
  C'était la première fois que je partais si loin, sur mes heures de travail, aux frais de la boîte.
  Et puis Yumington, c'est un peu mon adolescence. Qu'est-ce que j'ai pu la fantasmer, cette ville !
  Les enquêtes d'Ockham Stryker, l’affaire de la Tour Folkstrom, le musée SteamPunk, ...
  Ca avait quand même plus de gueule que la VHS de Predator ou des JCVD que matait en boucle mon pote Mat.
  Je repense à Marianne, avant de partir : "Aller visiter la Tour Folkstrom! C'est pas 2 gamins, que j'ai, mais 3"
  Quoi qu'il en soit, je voulais du frisson, du piquant, du jamais-vu. Et bien j'en ai. Plutôt 2 fois qu'une.
  Le frisson du froid, le piquant des piqures que me fait Junon (l'infirmière, elle aime piquer). Du jamais vu!
  Paumé dans une petite chambre de l'HP, au milieu des tarés, au nord de Beach Bay, anesthésié, amnésié, mouillé!
  J'ai retrouvé la mémoire, c'est déjà ça.
  Pourtant, depuis mon arrivée, dès l'alerte ouragan, avant la 1ère injection de calmants, j'ai le cerveau vrillé.
  Comme si une partie de moi était restée bloqué sur le quai quand j'ai composté mon billet.
  Le rêve que j'ai fait hier. Ces absences répétées. Ces trous dans ma journée.
  Et cet ouragan, que je vois, que je sens, que j'entends, ces cris, la panique des gens, l'eau qui se répand...
  Tout ça me reste étrangement étranger.
  Alors que ces songes éveillés où j'emmène mon enfant à l'école, où la vie continue, où je vais travailler...
  La situation, hallucinante? Les médicaments, hallucinogènes?Non! Il faut croire que j'étais destiné à finir taré
  Que j'ai perdu pied avec la réalité...
  Dehors tout semble ravagé, on voit plus au sud des voitures immergées. Plusieurs incendies se sont déclarés.
  Mais j'm'en fous, j'attends juste que Junon, ou un autre infirmier, vienne me donner ma dose pour rêver banalité



Vendredi 30 novembre 2012 - tout début d'après midi

  J'émerge, à nouveau... J'entends de la musique dans le bâtiment. Que de la musique. Aucun cri. Aucun murmure.
#AllSinners #Twitterfiction : Sam (@16ames)? T'es là? Non, je dois rêver...
  Ah, si, on appelle! C'est Junon (je crois) celle qui m'a invité à me réfugier ici...
#AllSinners #Twitterfiction @16ames : Allez debout Sam! T'as du boulot je te rappelle!
  Junon? JU-NON! 

  Mais merde! Je ne veux plus dormir! A chaque fois que j'ouvre un oeil, c'est encore plus le bordel!
  Je ne suis pas très confiant concernant ma santé mentale...
  Ces derniers jours je me demande si j'ai pas 18 ans et que je suis toujours bloqué dans ce foutu buvard de LSD
#AllSinners #Twitterfiction @16ames : Arrête de parler tout seul, en plus tu baves...
   Je bave, j'ai froid, suis seul et ne comprends pas. Qu'est-ce tu fous là? D'ailleurs t'es vraiment là?
 #AllSinners #Twitterfiction @16ames : Mais oui! Je te hurle dessus depuis 5 mn!
#AllSinners #Twitterfiction @16ames : Bon, vu ton air hébété! Tu permets que je te fasse les poches et te prennes une clope hein?
   Oui, vas-y, fume, fume le paquet si tu veux, mais ramène moi sur Terre et emmène moi où tu vas!


#AllSinners #Twitterfiction @16ames : Euh! Je crois que tu as oublié qu'on est en pleine tempête! Coincés à Beach Bay au surplus.
#AllSinners #Twitterfiction @16ames : Je sais pas ce qui se passe dans ta caboche, mais, ON EST DANS LA MERDE!! Tu comprends

   Qu'est-ce qui s'passe? Où on est? Où sont tous les timbrés, les infirmiers? et toi? tu fais quoi?
   Oui, la musique, je l'ai entendue aussi... Je croyais que c'était dans ma tête...
   Je me disais bien que je n'étais pas taré au point de m'inventer une musique que je ne connais pas.
...
   TU CROIS QUOI? Que ça me fait tripper de jouer les JackNicholson dans Vol Au Dessus D'Un Nid De Coucou!
   Désolé Junon, je m'emporte... Mais t'es mon seul contact avec le réel maintenant...
   J'avais presque abandonné l'idée de revoir ma femme et mon fils, de voir naître le second...
   Junon, je t'avoue que je n'en ai pas la moindre idée... Il faudrait déjà que je mange...
   Quand je me suis réveillé, tout à l'heure, j'avais une envie de bain, chaud...
   Maintenant que je vois l'hôpital en paquebot... Je n'ai plus envie d'une goutte d'eau...
   On fabrique un radeau ? :D :) :| Hum, désolé... C'est la nervosité... :s
   Quelles nouvelles de la ville? Quelles nouvelles du réel? Le pervers échappé dont tu m'as parlé?
   (et oui, une part de moi comprenait quand tu me parlais)
   Avec un peu de chance, il ne court pas très loin. A moins qu'il nage très bien... Ahah :D :) :| pardon
   Il fait quoi ? Je n'en ai jamais entendu parler... Tu veux dire qu'on est coincé avec ce timbré ?


  Quelle heure est-il? 11:33pm. Ca fait combien de temps que je suis là? A priori, nous sommes vendredi.
  Où est passée Junon ? Je ne sais pas. Mais l'ai-je réellement croisée? Je crois. Je n'entends plus la musique.
  Que s'est-il passé cet après midi ? Qu'ai-je fait ? Je me sens clair. Enfin, à peu près.
  Autant qu'on peut l'être après 1 jour et 2 nuits shooté aux médocs. En même temps, je suis seul. Dans un HP.
  Tu parles d'une descente.
  Non mais sérieux, c'est flippant.
  Même sans parler de mes "absences", je crois que jamais je n'ai autant bad-trippé.
  Toujours est-il que je suis dans une ville que je ne connais pas.
  Seul dans un hôpital psychiatrique déserté.
  Sans électricité, les vitres explosées, un rez-de-chaussé inondé, aucun moyen de communiquer.
  Restent quand même pas mal de points qui ne collent pas. Comment, quand les "patients" ont-ils été évacués?
  Et comment, pourquoi moi suis-je toujours là? OK, je ne suis pas soigné. Je me suis juste énervé.
  J'ai "juste" envoyé mon poing dans la gueule d'un infirmier dans un accès de panique.
  Mais c'est humain de paniquer, non? Putain, quand même! Bon, je pense que le gars était de bonne volonté.
  On va dire que c'est une déformation professionnelle. Un réflexe pavlovien.
  On est dans 1 HP, 1 mec se met à hurler, tu veux le calmer, il te frappe, vous vous y mettez à 3, il ne veut pas
  Alors qu'est-ce tu fais? T'es infirmier psychiatrique? Alors tu piques...
  Là aussi c'est humain, presque canin, pavlovien!
  Je ne peux pas lui en vouloir. Il ne pouvait pas savoir que ça me ferait mal réagir, son pot-belge anxiolytique.
  Et puis je suis couillon, moi, aussi. Monsieur est tout seul à Yumington, monsieur ne peut pas rentrer chez lui.
  Alors monsieur court rejoindre 2 twittos qu'il ne connaît pas, youkaïdi, youkaïda!
  Aller voir les autorités, appeler l'assurance, se faire évacuer? Ah non, ça, monsieur ne veut pas.
  Monsieur est romantique, monsieur veut de l'aventure, du steam punk, monsieur fait son fan boy à Yumington!
  Bah monsieur est servi! Il l'a, son souvenir inoubliable, sa propre Bande-Dessinée... Monsieur est-il content?
  Putain, ce ne serait si pathétique, j'en rigolerais!

  Tout ça n'explique pas ce que je fous là. J'étais dans le schwartz, ils n'ont pas pu m'oublier.
  Ils m'ont délibérément laissé. Mais qui? Je ne connais personne ici. A moins que...
  Junon? Mais pourquoi? A la limite, je pourrais la penser psychorigide, mais surement pas psychopathe!

  J'ai toujours été profondément athée. Je ne peux quand même pas foutre ça sur le dos d'un dieu facétieux!?!

  Oh et puis merde! Ce n'est qu'un foutu ouragan! Et oui, je n'ai pas de bol! ni hier, ni aujourd'hui.

  Mais faut voir les bons côtés. Moi qui n'ai jamais eu un appart de plus de 40m2, j'ai ici un hôpital entier.

  Et si, plutôt que d'introspecter, je me bougeais? Explorer, trouver de quoi se réchauffer, une radio, bouffer...

  C'est bon, fin de la descente, je me reprends!

  Et moi qui, depuis ma mue, garde une oreille castrée par un méchant prof de musique,...
  ...je me promène dans les couloirs en chantant!


Samedi 1er décembre 2012 - matin






Samedi 1er décembre 2012 - soir






Dimanche 2 décembre 2012 - matin





Dimanche 2 décembre - fin de matinée

  Je suis arrivé à Yumington il y a maintenant 5 jours pour essayer de remporter un nouveau contrat.
  Quand j'y repense, je me dis que c'est n'importe quoi. Que c'est absurde. Courir, sourire, acquiescer.
  Tout ça pour quoi ? Pour rembourser le crédit sur l'appart, pour assurer un minimum de confort aux enfants...
  Et je sais que dans quelques jours, quelques semaines, j'aurai repris ce train train quotidien, sans question.
  Mais pour le moment, je profite.

  Il aura fallu que je me pointe dans cette ville, fantasmée mais jamais avant visitée, pour m'éveiller.

  5 jours... Putain, 5 petits jours! Et pour moi, déjà 5 vies. Il faut croire que j'en avais besoin.

  Je n'ai jamais cru. Ni en dieu, ni au destin. Oh, bien sûr, ado, il m'est arrivé de lire un horoscope chinois.
  De me faire tirer les cartes par une copine bobo/baba ou de faire un voeu à chacune de mes "premières fois".
  Par contre j'ai toujours fait attention aux surprises qu'on se laisse, aux cadeaux qu'on se fait.
  A tous ces cailloux qu'on petit-poucette sur nos chemins.
  Vous savez! Ce que certains appellent des "signes". Ces trucs qu'on remarque qu'on ne remarquait pas.
  Tous ces crânes nus 1 fois la tête rasée, ces piercings la peau juste trouée, ces bottines qu'on vient d'acheter
  Cette idée innovante qui vient de nous toucher, nous en sommes persuadés, et qui émerge partout au même moment!
  Non, pas de destin. Juste une attention particulière à des choses qui nous trottent dans la tête, des envies.
  Des messages qu'on se laisse puis qu'on oublie.

  Quand je me refais le film de ces derniers jours, je me dis que c'est à Paris que commence celui-ci.
  Ca faisait un moment que je trainais les pieds en partant travailler.
  D'ailleurs au boulot, on avait tous les 3, les associés, envie de changer, de clientèle, de milieu, de métier.
  Faut dire que dans le genre microcosme névrosé, fat et auto-centré, la comm' parisienne a de quoi pavaner.
  Du coup, pour me changer les idées, j'avais accepté d'accompagner 1 ami à une soirée discussion sur la narration
  C'est là que j'ai rencontré ce gars de Yumington, . On a discuté, on a bien accroché.
  Quand il a su ce que je faisais, il m'a proposé de me mettre en contact avec des gens de là-bas.
  Une grosse boîte, avec des projets à gros budgets, qui pourrait avoir besoin de moi.
  Dès le lendemain, je les ai appelé! Hé, c'était enfin l'occas' de visiter la ville sur laquelle j'ai tant trippé
  Premier Appel d'Offres: directement short-listés!
  Et la rémunération pour la simple participation ne laissait présager que du bon.
  Quand ils m'ont appelé pour venir présenter notre propal en finale, j'ai à peine réussi à cacher mon excitation.
  La suite, du moins en partie, vous la connaissez. Comme un gosse, suis parti sans même mater le bulletin météo.
  J'ai foiré ma présentation (et pourtant j'avais un beau .ppt), ça m'a saoulé, je me suis paumé...
  Et c'est peu après que je l'ai rencontrée, mon ouvreuse de chemin, ma porte, ma guide, ma révélation...
  Sofia, mon ouragan cérébral, ma remise en question!

 

Dimanche 2 décembre - fin d'après midi

  Bon... Nous y voilà. On touche à la fin. Bientôt je serai rentré.
  J'ai réussi à joindre Marianne et Antonin. Elle a eu la trouille, et il l'a senti. Mais à part ça, tout va bien.
  La nuit commence à tomber, mais le ciel est maintenant dégagé et encore légèrement saumoné à l'horizon.

  Yumington ressemble à une casserole d'eau en train de chauffer.
  Ce matin,la surface était encore plane, puis on a vu de petites bulles se former, encore collées au cul de fonte
  Petit à petit, elles ont commencé à se trémousser, essayant de remonter, des lumières se sont rallumées.
  Les bulles ont grossi, se sont multipliées. Les gens sont rentrés, ont commencé à écoper.
  La surface de l'eau s'est mise à sérieusement vibrer, les équipes de secours se sont constituées.
  Bientôt Yumington bouillonnera comme avant l'ouragan, brassant les foules,infusant d'idées,de vie,de créativité.
  Bref, Yumington se reconstruira, oubliera, m'oubliera et redeviendra ce qu'elle était.
  Une ville avec sa vie, son histoire, différente que celle que maintenant je connais.
  Et au plus profond de moi je sais que, quand je la recroiserai, elle jouera les ingénus, me traitant d'inconnu.
  Mais malgré ses petits rires gênés, ses regards détournés, chaque fois que je m'y promènerai, serein je serai.

  "Il aurait du mourir","Il a failli y passer","Il a frôlé le pire".. Vous connaissez le marronnier journalistique
  Rien de tout ça pour moi. Ma vie ne va pas changer du tout au tout, je ne vais pas tout plaquer pour recommencer
  Mais ces dernières 36h m'auront marqué, profondément. Je ne sais ce que c'est, mais en moi une graine a germé.
  Je ne vous raconterai pas ce que j'ai fait, où je suis allé, qui et ce que j'ai croisé depuis mon départ de l'HP
  Vous ne pourriez pas comprendre, vous vous sentiriez obligés de juger, de vous indigner, ou pire...
  ... de vous identifier.

  Non, non, n'essayez même pas d'imaginer... Vous ne pouvez pas.  

 

Dimanche 2 décembre - fin de soirée

  23h. Dans moins d'une heure, j'aurai quitté Yumington.
  Je serais bien resté. Mais déjà les uns et les autres réinvestissent la ville, et ce faisant, m'en dépossède.
  Tous s'agitent dans un grand élan de solidarité, un effort national, une unité retrouvée.
  Ca se tape dans le dos, se soutient, ça rigole, ça pleure. De nombreux habitants évacués n'ont pu attendre.
  Ils sont venus de leurs yeux constater ce qu'ils leur restent, ce qu'ils ont perdu, ce qu'ils vont recommencer.
  Partout des pompiers, des secours, des infirmiers. Je me demande si mes camarades internés sont déjà rentrés.
  La police est omniprésente. Comme pour rappeler que la récréation est terminée, qu'il n'y a plus rien à piller.
  Je ne crois jamais avoir vu autant de journaleux. Ils sont amusant, grappes humaines bardés d'équipement.
  Tous s'amassent sur les mêmes spots, pressés par leurs chaînes de faire oublier les quelques uns qui sont restés

  Je pense à ceux qui, comme moi, ont traversé ces 5 jours comme on nait.
  Certains sont morts. D'autres ont disparu. la plupart a juste vécu. Quelques uns ont du s'aimer.
  Beaucoup se sont battus. Contre le temps, les éléments, entre eux ou contre eux-même. Tous ont changé.
  Yumington nous a offert, au delà des atrocités, un réel espace de liberté, un moment pour se ré-inventer.

  Aujourd'hui je sais que cette ville va longtemps m'habiter. Yumington, Dollton, Beach Bay, quartier par quartier
  Sofia m'aura fait réaliser tout ce que je suis, ce que et pourquoi je le fais, tout ce qui m'obscurcit aussi.
  Non, je ne suis pas arrivé en retard, je n'ai pas raté ma présentation. Je me suis juste donné une opportunité.
  Je me suis ouvert la voie vers un moi moins fermé, vers des envies sur lesquelles je m'étais assis.
  Car non monsieur, non madame...
  J'voudrais pas crever...










  


  fin.




   

  

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